Reminiscere
Notre Père 2
Dimanche 25 février 2018
Que ton nom soit sanctifié
Dans la prière que Jésus a laissée, nous avons décelé dimanche dernier passé, que la paternité de Dieu engendrait la fraternité des disciples de Jésus, et que la paternité et la fraternité formaient dorénavant en quelque sorte les deux bois inséparables de la croix. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur la première demande de cette prière : Que ton nom soit sanctifié ! Notons au passage que le texte de Matthieu et de Luc est identique (2).
Joachim Jeremias quant à lui, constate que le Notre Père dès l’origine, est non seulement, un modèle de vraie prière, mais une sorte de formulaire, voire un signe distinctif, et l’Église l’a d’ailleurs employé comme tel à travers les siècles (1).
Dieu révèle au peuple d’Israël en souffrance en Égypte son nom : YHWH (3), ce nom que la tradition juive préfère ne plus prononcer, choisissant par révérence le mot de Seigneur (4). Si l’invocation du nom de Dieu forme dès l’origine la substance du culte que le peuple d’Israël rend au Seigneur, il ne manquera cependant pas d’être profané, mais dit le Seigneur : Je sanctifierai mon grand nom, profané parmi les nations, mon nom que vous avez profané au milieu d’elles. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai ma sainteté à leurs yeux (5). Dieu sanctifie son nom et malgré la profanation, il se révèle toujours à nouveau à ceux qu’il a choisis.
C’est dans la prière du peuple d’Israël et notamment dans le Kaddish que cette première demande du Notre Père puise ses racines : Que soit glorifié et sanctifié son Nom si grand, dans le monde qu’il a créé selon sa volonté (6).
Dieu révèle son Nom. Par la bouche d’Osée, il va jusqu’à dire à son peuple : Je te fiancerai à moi pour toujours dans la justice et dans le droit, la tendresse et la miséricorde et tu connaîtras YHWH (7). Si Dieu se révèle comme Celui qui est, et s’il épouse son peuple dans la miséricorde et la fidélité (8), le Christ manifeste l’image du Dieu invisible (9). Ailleurs Jésus l’exprime ainsi : le Royaume n’est plus à venir, mais au milieu de vous (10).
Ainsi, la prière juive du Kaddish est la prière d’une communauté qui se tient encore entièrement dans le vestibule de l’attente, alors que le Notre Père est la prière de ceux qui savent que l’œuvre de grâce de Dieu –le grand tournant- est déjà commencé (11).
Dieu révèle son nom à son peuple. Il n’est donc pas un concept, mais une personne et en grec ce mot signifie visage (12). Ce visage que nous révèle pleinement le Christ Jésus.
Et lorsque Jésus demande à ses disciples de prier : que ton nom soit sanctifié, il les invite d’abord à tisser une relation avec ce Dieu qui tourne son visage vers chacun (13) et ne cesse de se révéler comme un Père à la fois tendre, miséricordieux et fidèle. (14)
Et lorsque nous invoquons son nom, nous appelons toujours sur nous sa présence. C’est certainement pour cela que la deuxième parole du décalogue nous recommande de ne pas invoquer le Seigneur en vain (15) ! Martin Luther rajoute : La chose la plus importante, à laquelle nous devons veiller le plus, c’est que son nom reçoive l’honneur qui lui est dû, qu’il soit tenu pour saint et vénérable, comme le trésor et la chose la plus sainte que nous ayons. (16)
Dieu révèle son nom, il tourne son visage vers les Hommes, mais que signifie pour nous la sanctification de son nom ? J’évoquais déjà, que dans la tradition juive on ne prononçait pas le nom de Dieu, mais je rappelais aussi que, par le Christ, le Royaume avait pris chair de notre chair et de son histoire !
Alors, sanctifier le nom du Seigneur ne peut plus seulement signifier le respecter ou l’honorer ! La tradition juive suggère déjà que Dieu est lui-même l’agent de la sanctification. Aussi, lorsque nous invoquons son nom, nous demandons à Dieu qu’il manifeste une fois pour toute sa gloire. Max-Alain Chevallier propose alors de traduire cette première demande du Notre Père ainsi : Fais connaître à tous qui tu es (17) ou comme nous pouvons le lire dans la TOB : Fais-toi reconnaître comme Dieu (18) !
Thérèse d’Avila rajoute : Demander que le nom de Dieu soit sanctifié, ce n’est pas ajouter quelque chose à la sainteté de Dieu, mais c’est inviter la sainteté divine à pénétrer toute la réalité terrestre pour la rendre plus conforme à son désir. C’est demander aussi que notre propre vie lui rende gloire afin que ceux qui ne le connaissent pas encore puissent le reconnaître à travers ses enfants (19).
L’ange Gabriel confiait à la vierge Marie que Dieu fait de grandes choses (20) et elle entonne la louange du Dieu saint ! Et nous, chaque fois que nous invoquons le nom du Seigneur, demandons-lui : fais-toi connaître à nous qui te prions et révèle-toi à ceux qui ne te connaissent pas encore !
(1) Joachim Jeremias, Théologie du Nouveau Testament, p.246
(2) Matthieu et Luc : ἁγιασθήτω τὸ ὄνομά σου·
(3) Exode 3,13-15 : Je suis celui qui est
(4) En hébreu : Adonaï
(5) Ezéchiel 36,23
(6) Traduction du Kaddish : J. Jeremias Théologie du Nouveau Testament, p.248
(7) Osée 2,213
(8) Osée 2,22
(9) Colossiens 1,15
(10) Luc 17,21
(11) Joachim Jeremias, Théologie du Nouveau Testament, p.249
(12) π ρ ο ́ σ ω π ο ν, face, visage, masque
(13) Nombres 6,24-25
(14) Romains 9,16
(15) Exode 20,7
(16) La foi des Églises luthériennes, Grand Catéchisme, Le Notre Père, p.382/769
(17) Max-Alain Chevallier, Relire le Notre Père, p.41
(18) Traduction œcuménique de la Bible 1977
(19) Sainte Thérèse d’Avila, Œuvres complètes, Chemin de perfection p.1376
(20) Luc 1,49
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