Sur un fond bleu, 13 cavaliers, suivis de 2 personnages à pied, se dirigent vers une colline sur laquelle est plantée une croix. Cette peinture, totalement néo-gothique, est une création de Carl Schäfer. En tête du cortège, nous pouvons voir sur la bannière que c'est Germania qui ouvre la marche. Un peu plus loin, nous notons la présence d'Italia, puis Gallia.
Nous pouvons voir au pied de la croix les mots «O Crux Ave Spes Unica » (« Salut ô croix, espoir unique »). Ces mots sont tirés du Vexilla Regis, hymne composé au 6ème siècle pour une procession destinée à accueillir les reliques de la Croix, offerte par l'Empereur Justin II à la reine Sainte Radegonde de Poitiers. Cet hymne, toujours chanté, a sans doute été identifié par Carl Schäfer et lui a inspiré cette iconographie inédite.
Schäfer a fait de cette chevauchée un cortège mené par Germania. Il est amusant de voir que dans son dessin préparatoire, il avait placé Gallia -la Gaule- juste derrière Germania. Il l'a ensuite barrée, remplacée par Italia, et a replacé Gallia un peu plus loin. La lecture de cette peinture doit se faire dans le contexte de la montée des nationalismes à la fin du XIXème siècle.
Pour le style, Carl Schäfer a là aussi dû inventer. Assez logiquement, il s'est inspiré d'enluminures du début du 14ème siècle, comme la peinture originale. Comme partout ailleurs dans l'édifice, il s'inspire du Codex Manesse, conservé à Heidelberg : il reprend l'idée du cavalier portant une bannière, la chevelure ondoyante des femmes, la crinière particulière des chevaux, la robe pommelée, le tapis de selle à franges, et va jusqu'à reprendre les petites fleurs blanches qui ponctuent l'herbe verte.